HISTOIRE de 1610 à 1640 GÉNÉALOGIE
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Buffarot

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Qui était Buffarot ?

 

 

Extrait du dépliant distribué le 6 août 2007

pour la manifestation à Capdrot

 

Natif de la paroisse de Capdrot, il est inscrit dans l'Histoire de France à cause de son supplice, le 6 août 1637 à Monpazier en Périgord.

Son métier de tisserand l'amenait-il à circuler pour du colportage, cela le placerait plus du côté du commerce que de l'artisanat. Toujours est-il qu'il était connu et qu'il bénéficiait d'une large estime locale.

Qualifié "d'homme de courage et non d'expérience" il a sans doute eu le grade d'enseigne colonnelle dans la hiérarchie des insurgés.

Chef d'une bande d'environ 4 000 hommes, il a mené de nombreuses expéditions punitives dans le Périgord Sud et dans le Quercy entre mai et juillet 1637.Au moment où il tenait une place importante dans la Révolte, il parlait de "zèle du bien public".

 C'est surtout dans la forêt de La Bessède, qu'il se tenait avec ses troupes qui furent mises en déroute, près de Villeréal.

Église de Capdrot (contrefort nord)

 

 

Place de Monpazier

Son courage et son opiniâtreté sont devenus légendaires si l'on en croit le dialogue qu'il aurait eu avec ses assaillants :

"Te randès Buffarot ?

- Noun pas, tant que me restaro uno tourto et un cantel !"

 

Condamné à mort prévôtalement, c'est-à-dire selon la procédure expéditive du flagrant délit, par le vice-sénéchal de l'Agenais, il subit le supplice de la roue, sur la place de Monpazier, le jour de la foire : "Sans être bandé, il fut rompu vif de tous ses membres, les uns après les autres, la tête la dernière. Ses bras et jambes furent exposés en divers endroits, son corps exposé sur un cerisier au carrefour de Bernadet. Sa tête, montée sur une pique, fut portée sur la place de Belvès."

 

C'est ainsi qu'il a fait son entrée dans l'Histoire et dans la tradition populaire.

 

Extraits de la notice sur Buffarot envoyée par Y.M. Bercé le 2 août 2007 pour la manifestation du 6 août à Capdrot

 

 

"On sait peu de choses sur Buffarot, même pas son prénom. Il est certain qu'un personnage de ce nom fut un des quelques meneurs populaires de la révolte des villageois et paysans de Périgord et Quercy, insurgés contre la montée des exigences fiscales étatiques pendant le printemps et l'été 1637.

Ces attroupés prenaient pour chefs des petits gentilshommes locaux et quelques notables villageois dont Buffarot fut sans doute le plus convaincu. On retrouve son nom du début à la fin dou mouvement. Les attroupés se désignaient comme les gens des "communes de Périgord" ou de telle autre province, tandis que les habitants des villes qui les méprisaient et les redoutaient leur donnaient le surnom injurieux de "Croquants".

Ce soulèvement de 1637 fut le plus étendu des troubles populaires qu'on compte par centaines aux XVI° et XVII° siècles et qui étaient motivés avant tout par le refus des impôts étatiques. Le principe de ces charges, levées sous le nom générique de "tailles", était relativement admis par l'opinion jusque là, mais des conjonctures de hausses brutales suscitaient des réactions de rejet, des assemblées de villages, des rédactions de manifestes puis parfois des prises d'armes.

C'est ce qui arriva surtout pendant le ministériat de Richelieu du fait de l'engagement de la France dans une guerre étendue pour la première fois aux dimensions de l'Europe.

 

 

Une partie du Périgord Sud

Extrait de la carte de Cassini (France Sud)*

 

Buffarot semble avoir été un des notables villageois que des assemblées de plusieurs paroisses élisaient pour capitaines de leurs troupes. Ces réunions se tinrent au début de mai 1637.

Il était dit tisserand à Capdrot, petite bourgade, sans doute murée à l'époque, sise dans le paysage boisé de la forêt de La Bessède...

... Après son exécution, son corps démembré fut exposé à Monpazier et à Belvès.

D'autres fois encore, on le dit chef des troupes du Sarladais, du moins des communautés du côté de la rive gauche.

Ces diverses indications laissent supposer que sa réputation s'étendait dans une aire assez vaste, qui du voisinage du Causse irait jusqu'aux collines (serres) de l'Agenais. Peut-être son métier de tisserand l'amenait-il à circuler... pour des achats ou ventes qui dans cette hypothèse le placeraient du côté du commerce ou du colportage plus que de l'artisanat. En tout cas, cette extension permet d'imaginer qu'il bénéficiait d'une large estime locale.

 

 

Une partie du Quercy Nord-Ouest

Extrait de la carte de Cassini (France Sud)*

 

 

... Les textes ne donnent jamais de grade à Buffarot que l'on trouve subordonné à Madaillan, puis, semble-t-il, à Basque. Par conséquent, dans la hiérarchie des grades que se donnaient les insurgés, il est vraissemblable qu'il ait eu le grade d'enseigne colonelle.

 

... Quelles étaient les motivations politiques de Buffarot ?

On sait que dans les manifestes rédigés en juillet en Quercy, au moment où Buffarot tenait une place importante, il parlait du "zèle du bien public..."

Au bout du compte, Buffarot est resté à la tête des troupes d'insurgés pendant trois mois - de mai à août -.

Sa longue présence dans les événements et la popularité régionale que l'on peut légitimement lui attribuer expliquent que son nom ait été retenu dans les traditions locales et ait pu favoriser des affabulations au cours du XIX° siècle chez les amateurs d'histoire locale"...

 

Yves Marie Bercé

Professeur émérite à la Sorbonne

Docteur honoraire de l'École des Chartes

Président de la Société d'Étude du XVII° siècle

* Extraits de la carte de Cassini (France Sud) intégrées par l'auteur du site.