HISTOIRE de 1610 à 1640 GÉNÉALOGIE
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Révoltes paysannes de 1637

 

 

Origine du mot "croquant"

 

Témoins oculaires

- l'abbé Jean Tarde, vicaire général de Sarlat et auteur d'une chronique du Périgord à l'époque des troubles de 1594 prétend que le mot a pour origine le village de Crocq, en Limousin, lieu des premières assemblées paysannes.

- le greffier de Périgueux corrobore cette thèse dans son "Livre Noir". Il affirme que le mouvement paysan a commencé sur les terres du vicomte de Turenne, baron de Crocq.

D'autres historiens

 Ils prétendent que ce mot a été utilisé par des laboureurs pour désigner les nobles accusés "de croquer et dévorer les pauvres gens de la campagne". Ce mauvais compliment aurait été ensuite retourné par les gentilshommes contre les paysans, en guise de sarcasme et avec une forte nuance de mépris.

Yves-Marie Bercé propose l'hypothèse suivante : le mot dériverait de l'appellation "croc" donné aux fourches et gourdins que les paysans brandissaient quand ils se regroupaient pour réclamer justice.

Les paysans révoltés ont aussi été appelés : "Chasse-voleurs", "Tard Avisés".

Bois dessiné et gravé par Maurice Albe in "Les Croquants" de Georges Rocal

 

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Les Croquants de 1637

 

 

Nous sommes sous le règne de Louis XIII et le ministériat de Richelieu.

 

Les disettes céréalières se sont succédées (1621/22, 1625/26, 1629/30, 1637/39) et une épidémie de peste a sévi de 1628 à 1632.

La France est en guerre contre l'Espagne depuis 1635 et intervient aussi dans la Guerre de Trente Ans.

 

 

 

Misère dans les paroisses en 1634, après l'épidémie de peste

 

 

Un soulèvement paysan causé par l'augmentation des impôts pour financer ces guerres, prend naissance en Périgord. Il va s'étendre aux provinces voisines : Quercy, Agenais, Bordelais, Angoûmois et Poitou.

L'étincelle est venue de la perception d'une nouvelle imposition au profit de la défense du port de Bayonne, à la fin de l'année 1636. La première manifestation de la révolte fut le meurtre de deux gabeleurs, le 22 avril 1637, près de Nanteuil-de-Bourzac.

Les paysans réunis en assemblées des paroisses décident de faire connaître au Roi leur situation en lui adressant une supplique* lui demandant la suppression des nouvelles tailles.

Sans réponse, ils décident de se révolter et sont nombreux à s'engager. Le noble La Mothe la Forest, originaire du Bugue, est désigné comme général de cette armée paysanne lors d'une assemblée se tenant aux Terriers, à l'ouest de Périgueux. Il retient 1 000 paysans qu'il va équiper, armer, discipliner et il renvoie les autres en leur demandant de se tenir prêts.

 

Le 14 mai, la ville de Bergerac s'incline devant les Révoltés. Lors des assemblées des 17 et 24 mai, les Croquants décident d'y laisser une garnison et de tenter une percée dans l'Agenais. Les cités de Eymet, La Sauvetat, Miramont et Lauzun sont prises.

Le 23 mai, le Roi demande au duc d'Épernon, résidant à Cadillac-sur-Garonne, d'intervenir pour enrayer la sédition. Pour y parvenir, celui-ci rappelle son fils - le duc de La Valette - occupé à défendre la frontière espagnole à Bayonne. Avec une armée de 3 000 hommes (fantassins et cavaliers) il arrive à la Sauvetat d'Eymet où s'étaient retranchés environ 2 000 croquants.

Le 1er juin, il assiège la cité dans laquelle Madaillan s'était enfermeé avec 2 000 croquants. Le combat fut qualifié de "très sanglante boucherie" : 1 000 morts du côté des croquants et 200 hommes du côté de l'armée (dont 20 officiers). La bourgade est incendiée et les 6 000 croquants appelés en renfort arrivent trop tard. Après l'assaut des troupes royales, Madaillan réussit à s'enfuir.

Le 6 juin, La Mothe la Forest ayant été contacté par un émissaire du Duc de La Valette lui demandant de se rendre et, troublé par le désastre, offre sa reddition à condition que ses troupes ne soient pas poursuivies. De  nombreux croquants rentrent chez eux mais plusieurs chefs s'y opposent. Parmi eux se trouve Grellety qui, à la tête d'une centaine d'hommes va rester dans la forêt de Vergt pour tenir tête aux forces royales.

 

 

Lettre de La Mothe la Forest au roi Louis XIII (in "Histoire des Croquants" de Yves Marie Bercé)

 

 

Pendant quelques temps, des opérations de guérilla sont menées ici ou là :

- dans le Quercy, à Cahors, Mercuès, Albas (Buffarot y est présent) ;

- en Guyenne où ils surveillent des cités de Bordeaux à Toulouse ;

- en Périgord surtout. C'est à Monpeyran que Buffarot est surpris - sur dénonciation - par une troupe de 100 hommes d'armes, menée par l'écuyer et capitaine Pierre de Molinier.

 

 

 

 

Schéma des opérations militaires des Croquants

 

 

Le tribunal de Bordeaux qui s'est déplacé à Bergerac et à Périgueux décide d'exécuter trois chefs de Communes : Ribeyreix à Périgueux, Basque à Figeac, Buffarot à Monpazier, ainsi que des notables associés aux Révoltés.

 

L'abolition - "effacement ou pardon de crime par une autorité avant tout jugement". Elle concerne la majorité des révoltés, mais 25 meneurs n'ayant pas bénéficié de la clémence royale, sont reconnus coupables ; d'autres accepteront de rejoindre le contingent à la frontière espagnole.

 

Avec l'abolition, la suppression de quelques impôts et la condamnation des gabeleurs trop zélés, les Croquants en ont tout de même retiré une satisfaction morale.

 

Il faudra attendre 1638 pour que la situation redevienne normale.

 

 

Supplique au Roi

 

 

Supplique adressée au Roi au printemps 1637

(extraits)

 

"Votre Majesté est bien humblement suppliée de vouloir abaisser ses yeux sur le pourtrait véritable de nos afflictions et regarder d'un œil paternel nos oppressions comme roi juste et bon, de guarantir ung monde de vos subjetz de la mendicité et de la misère.

Sire, il y a tantôt vingt ans que le Périgord est épuisé par le payement de vos tailles arrivées extraordinairement, tellement que nos petits revenus de beaucoup moindres que nos taxes, nos bourses ont donné à Votre Majesté à qui nos mains n'ont pu trouver dans le travail de la terre, leur industrie à fourni au secours que nous debvions comme très fidèles sujetz à Votre Majesté...

Mais, Sire, dès le jour que le comba a cessé, que le bétail, le vin et la chataignie n'ont eu plus de transport, cette province n'a pu changier les pierres en vin, les fougères en argent... et les soldats comme si les paysans étaient l'objet de leur fureur, se sont portés à tout ce que la cruauté a de plus imaginable : le feu dans les hameaux, le rapt de leurs filles, le violement de leurs femmes...

Sire, qu'il plaise donc à Votre Majesté d'escouter les très humbles prières de vos subjets du Périgord et la demande qu'ils font de la suppression de ces nouveaux droits..."

 

Signé : La Commune de Périgord

 

 

Posters réalisés pour le Congrès de généalogie de Périgueux en octobre 2010